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Coup de projecteur sur ...
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    C'est une rubrique qui est présente pour des personnes qui attirent l'attention par leurs projets, leurs vécus et qui par la littérature ou pour la littérature atteignent des objectifs ou pas mais qui les font vibrer le temps de le penser, de le faire, d'y croire ....

Josyane Savigneau
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Je voulais parler dans ce numéro d’un parcours, celui d’une femme. J’avais envie de demander à Josyane Savigneau une interview pour me parler du sien. Journaliste, écrivaine et membre du jury du prix Fémina, elle représente pour moi et certainement pour d’autres un exemple. Il y a en moi, c’est vrai, une petite admiration pour ces chemins de vies qui me semblent extraordinaires. Pourtant, au détour d’une réponse à un tweet ou dans ses réponses à cet entretien qu’elle nous accorde, je perçois toute la modestie qui caractérise une grande dame. Merci, merci de m’avoir accordé quelques minutes pour ce journal.

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  1. Bonjour, j’ai consulté votre biographie présente sur internet. Vous êtes entrée au journal

Le Monde  en 1977 en qualité de chroniqueuse judiciaire. Puis, dans  vous êtes devenue responsable du  Monde des Livres   en tant que responsable, rédactrice en chef pour la culture et chroniqueuse.

De 2012 à 2014, vous êtes responsable de l’hebdomadaire :   . En Août 2017, vous quittez ce journal. Vous avez été journaliste durant quarante ans.

Selon vous , du point de vue de la liberté d’expression, le métier de journaliste a-t-il évolué ou régressé en quarante ans ?

 

Je n’ai pas été responsable du M mais du Mensuel qui n’existe plus.

Quant à la réponse elle est lapidaire tant il est manifeste que partout la liberté d’expression régresse.

 

    2.En 1993, vous publiez un premier ouvrage,  Marguerite Yourcenar : l'invention d'une vie.

Marguerite Yourcenar : écrivaine française (naturalisée américaine en 1947), romancière, nouvelliste et autobiographe, elle était aussi poétesse, traductrice, essayiste et critique littéraire.

Elle fut la première femme élue membre de l'Académie française en 1980.

Etait-elle un exemple pour vous ?

 

J’étais plus une « enfant » de Simone de Beauvoir que de Marguerite Yourcenar mais la façon dont elle a construit son destin me fascine. Et j’aime dans son œuvre sa réflexion sur le pouvoir et la liberté.

 

    3.D’autres livres viennent s’ajouter à votre bibliographie, souvent des biographies de femmes dont la vôtre dans  Point de côté, parue en 2008 aux éditions Stock, où vous racontez votre destitution du magazine  M, Le Magazine du Monde. Votre côté écrivaine a-t-il fait ressortir ou apparaître cette envie de parler de femmes, d’écrivaines ?

 

Point de côté ne parle pas de mon éviction de la direction du M que je n’ai jamais dirigé mais de mon éviction de la direction du Monde des livres. Notamment.

Les destins de femmes m’intéressent et surtout de femmes un peu «à l’écart »

C’est pour cela que j’ai écrit sur Carson McCullers.

 

    4.Vous êtes chroniqueuse littéraire sur Radio RCJ. J'ai pu visionner sur You Tube la dernière vidéo mise en ligne. Vous semblez aussi à l'aise à l'oral que dans l'écriture. Dites-moi, est-ce que je me trompe ? 

J’aime beaucoup la radio depuis toujours.

Parce que c’est un contact immédiat avec les auteurs ou les éditeurs qu’on invite.

Et cette émission que je fais à est agréable parce que chacun a un temps de parole assez long.

 

    5.On se souvient que, dès 1990, vous preniez la défense de Gabriel  Matzneff qui s'était fait attaquer dans Apostrophe. La polémique autour de sa personnalité reprend vigueur aujourd'hui. Sans creuser en particulier cette dernière affaire, il semble que vous preniez toujours le parti de la littérature contre la censure. La liberté, comme le style, vont-ils se perdre entre le buzz et la censure? Au sein de polémiques où chacun intervient en ne parlant jamais que de lui-même ? Bref ! Lire et/ou écrire peut-il être encore créer, rêver, apprendre et transmettre ... en toute liberté et avec un maximum de talent ?

 Je pense que si un individu, écrivain ou pas, commet des actes condamnables, la justice doit s’en occuper. Mais je n’aime pas la chasse à l’homme sur les réseaux sociaux et dans les médias. Pour l’avoir dit j’ai pris tout l’égout de Twitter sur la figure. Et même pire. De la part de gens qui parlent sans savoir et sans avoir rien lu. Qui ne veulent que hurler et détruire. C’est vraiment une plaie de la société actuelle. Et un danger.

En outre les journalistes se transforment de plus en plus en procureurs. Ce n’est pas ma conception de ce métier.

D’une manière générale on voit de plus en plus fréquemment combien il est difficile pour les créateurs d’être libres. Il ne faut plus choquer personne, il faut se garder de ce qu’on appelle l’appropriation culturelle. Bref on va vers une ennuyeuse eau tiède.

 

    6.Le journal des blogs littéraires est tenu par une bloggeuse, elle essaie de créer des passerelles dans la littérature entre les auteur(e)s, maisons d’éditions, blogueur(e)s et lecteurs. Que pensez-vous de cette initiative ?

 

Je crois que tout cela est bien. Il se passe aujourd’hui plus de choses intéressantes sur les sites et sur les blogs que dans la presse traditionnelle.

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Merci à Josyane Savigneau d'avoir pris le temps de répondre à mes questions. 

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                                                                                                      Christine Payot

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