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Interview de Christine

(Blog : Au pays des books)

à Brigitte Benkemoun

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1) Votre dernier livre "Je suis le carnet de Dora Maar" raconte l'histoire d'un carnet d'adresse de cuir que vous avez obtenu par hasard et qui s'avère être celui de Dora Maar, la muse de Picasso. Vous partez donc en quête de son histoire, racontez-moi l'instant le plus magique pour vous dans ces recherches.

Brigitte Benkemoun : L’instant le plus magique est celui où j’ai compris que j’avais en main le carnet de Dora Maar. Je me souviens éprouver une joie immense, pas du tout cérébrale, très ludique, jouissive, presqu'enfantine. Ca ressemblait même à l’émotion d’un supporter quand son équipe marque un but ! Depuis quelques jours, comme dans un jeu de piste, je sentais bien que j’approchais, je chauffais… J’avais compris que ce carnet appartenait a une femme (coiffeur, salon de beauté…), une peintre (rentoileur, galeries…), proche des surréalistes, analysée par Lacan. Je cherchais l’absente, je faisais des listes. Mais quand j’ai enfin déchiffré « architecte Ménerbes » sur la première page et non pas « Achile de Ménerbes", j’ai très vite compris que c’était son carnet… Et oui, c’était magique!

 

2)A partir de quel moment, avez-vous décidé de tout transmettre dans un livre ?

Brigitte Benkemoun : Avant même de savoir à qui appartenait ce carnet ! J’e venais de terminer mon précédent livre , « Albert le Magnifique », j’avais relu les dernières épreuves et j’étais un peu désoeuvrée, sans savoir précisément ce que j’allais entreprendre. Quand j’ai montré ce petit répertoire à mon mari, il m’a dit « eh bien tu as ton prochain livre »… Et c’était une évidence. Le monde de ce carnet était si fascinant, que j’ai immédiatement décidé de partir sur sa piste, et raconter cette quête/enquête. Mais au fond, si je veux être honnête, je n’ai pas eu le choix, c’est ce carnet qui m’a embarquée. Comment résister à l’appel de ces noms : Aragon, Breton, Brassaï, Braque, Giacometti, Lacan ? 

 

3)Ecrire votre voyage dans la vie de Dora Maar, était-ce une conclusion dont vous ressentiez le besoin ou une façon de ne pas dire le mot "Fin" à votre enquête ? 

Brigitte Benkemoun :Une conclusion, je ne sais pas… La genèse de ce livre est tellement particulière... J’ai immédiatement été certaine de la forme et la démarche qui serait la mienne : Je ne voulais absolument pas écrire une biographie classique, qui par ailleurs était déjà faite. Puisque j’avais la chance d’avoir entre mes mains cette pièce à conviction, je voulais la faire parler en utilisant chaque nom comme une entrée, une clé. C’est ce carnet, qui me servirait de fil conducteur et me raconterait Dora Maar. 

Il me semblait évident aussi, comme je l’avais déjà fait dans mes précédents livres, que je devais croiser ma propre enquête, mes questionnements, mes hésitations et les faits que je rassemblais. Au fond, parce que je reste un peu journaliste et deviens un peu écrivain, je ne sais faire que ça ! J’ai donc décidé de commencer par l’arrivée de l’agenda chez moi, par la poste. Le plus difficile a été de savoir comment conclure. Mais j’ai fini par comprendre que j’avais fait un voyage, avec ce carnet pour bagage. Il me fallait donc arriver à destination. Et ce fut chez elle, à Ménerbes.

 

4)Vous avez publié "La petite fille sur la photo: La guerre d'Algérie à hauteur d'enfant" en 2012, "Albert le Magnifique" en 2016 puis "Je suis le carnet de Dora Maar" en 2019 , la quête d'une histoire est-elle devenue une passion pour vous ? 

Brigitte Benkemoun : J’ai surtout la passion des traces. Quand je suis retournée en Algérie, je voulais savoir ce qu’il restait de nous… Quand je marche dans Paris, je pense aux strates de vies et d'histoires qu’il y a sous mes pas. J’essaie d’imaginer ce qui s’est passé là, exactement… J’adorerais pouvoir voyager dans le temps. Et plutôt dans le passé que dans l’avenir. C’est la raison pour laquelle j’aime autant Modiano. Ou Midnight in Paris de Woody Allen. C’est peut-être ma façon de refuser que les êtres disparaissent. 

 

5)Des blogueuses littéraires partagent leurs chroniques après la lecture de l'un de vos trois romans. Que pensez-vous du rôle des blogueuses dans la littérature ? 

Brigitte Benkemoun : Je trouve que les blogueuses vivifient, régénèrent la critique littéraire. C’est un vent incroyablement frais, enthousiaste et passionné qui souffle sur la littérature. Pas d’entre-soi! Il y aura, et il y a déjà probablement, une forme d’institutionnalisation inévitable de ce media parallèle, mais on sent les blogueuses (et blogueurs aussi) tellement libres, sans les contraintes d’une rédaction, d’un chef de service, sans les pressions des éditeurs. 

 

6)Brigitte Benkemoun, quels sont vos projets aujourd'hui ? 

Brigitte Benkemoun : Je ne sais pas précisément. J’ai essayé d’acheter un autre agenda sur Ebay, mais je n’y ai malheureusement rien trouvé d'intéressant. Les sujets de livre ne tombent pas toujours du ciel. Il va falloir chercher plus classiquement. 

"Je suis le carnet de Dora Maar " est en vente  ici   ou  ici 

Merci Beaucoup pour cette interview et le temps que vous m'avez accordé. Christine (Au pays des books) 

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